samedi 24 mars 2012

Lecture : Brûlons tous ces punks pour l'amour des elfes


Le salon du livre 2011 m'avait permis de découvrir une maison d'édition originale, au détour d'un stand. Là, de joyeux compères savouraient une fin de repas bien mérité autour de verre et de bananes planteur et accueillaient chaleureusement le quidam égaré. Oui égaré, parce que le stand en question se situait tout au fond du salon, aux lisières, là où toutes les prétentions des grandes maisons n'existe plus et a laissé place à la bonne humeur et à l'échange sans a priori. Bref, à l'Art comme on l'aime et comme il devrait être : le rassemblement, le partage, la découverte, l'émotion.
C'est donc ici que je me suis échouée et laissée tenter par ce livre au titre attirant. J'avais hâte de découvrir ce qui pouvait bien se cacher derrière. Hâte, oui, bon, ceux qui me connaissent savent que ma hâte peut se transformer en oubli parfois et je laissais ainsi se perdre cet étrange recueil de nouvelles dans ma bibliothèque labyrinthique. Il y a quelques jours, j'ai déterré ce trésor et me suis plongée dans sa lecture. Quel exotisme ! Quelle surprise ! Quel changement par rapport aux autres fictions qui sagement mettent en scène une histoire avec un début, un milieu, une fin, des personnages bien définis, un cadre bien décrit, et une ambiance souvent familière. Là, point de tout cela (j'exagère pardon !).
Douze nouvelles se côtoient dans ce recueil, encadré par une note de l'éditeur au début, et une note de l'auteur à la fin. Chaque nouvelle est illustrée par Philippe Lemaire, que je ne connaissais pas, mais qui a un don pour les "collages", sorte d'illustrations que j'apparenterai aux gravures des siècles passées.
La simplicité de la couverture qui, pour ma version de luxe bénéficiait d'un gaufrage (appelé foulage) en première de couverture, ne préparait aucunement le lecteur au dépaysement total qu'il allait connaître en lisant l'intérieur.
L'univers de l'auteur est peuplé d'étrangetés tels un homme vivant sous les jupes de femmes, un arbre vengeur, des vigiles transformés en véritable commandos pour protéger des elfes contre des punks, une visite à l'ANPE onirique, des femmes qui commandent des amants à leur mari, un chevalier naissant portant la coiffe d'une bergère…
Dis comme ça, ça n'a rien d'étrange, mais écrit par l'auteur, tout cet univers s'anime et vous vous étonnez vous-mêmes à voir tout ce petit monde parfois absurde prendre tout son sens sous la plume fluide et agréable, aux tournures si bien choisies, aux mots parfaitement adéquats, aux phrases délicieuses. Car c'est là que réside tout le plaisir de ce livre, dans son écriture si délectable. Et rien que pour pouvoir la retrouver à nouveau, je me replongerais bien dans un autre livre de cet auteur à connaître.
Un livre incontournable.

J'ajoute une petite citation pour vous mettre l'eau à la bouche. Ce livre a également ceci de particulier (et de superbe), qu'il exploite les moindres endroits possibles. L'auteur a été jusqu'à écrire une dernière courte histoire sur le rabat de la quatrième de couverture, et une sorte d'avertissement sur le rabat de la première de couverture. C'est cet avertissement que je me permets de reproduire ici :


Chers lecteurs, si vous n'aimez pas mon livre et que vous vous sentez floués par cet achat ou ce cadeau, n'hésitez pas à vous faire connaître. Comment ?
C'est très simple : je vous invite à gifler votre libraire ou la personne qui vous a offert ce livre. Pas besoin de plus d'explication, ces derniers sont au courant et renverront par retour direct vos réclamations au distributeur qui les fera passer au diffuseur. Soyez, dès lors, assurés que ces doléances vont vite remonter jusqu'à mon éditeur qui, forcément froissé par l'affront, viendra me transmettre au plus tôt votre paire de gifles.
Une fois giflé, deux solutions se présenteront à moi, et je n'ai pas encore tranché : soit je m'effondre en pleurant ; soit je vais manger du saucisson de foie avec des amis. Enfin, quoi que je fasse, j'aurais été prévenu.
Quant à votre argent, eh bien à la vérité, il sera trop tard. Mais si pour vous rembourser vous vous décidez à tomber dans le grand banditisme et que, malheureusement, on vous arrête, des circonstances atténuantes pourraient être retenues en votre faveur sur présentation de cet ouvrage*.


* Dans l'éventualité où vous l'auriez prêté, donnez mon nom.


J'adore, lisez-le tout de suite !

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